Mes états d’âme
28 septembre 2014 : Ce jour là, j'ai couché sur papier mes états d'âme du moment que je vous retranscris ici. Cette journée n'était pas propice au sourire. Mais c'est comme ça, il y a des hauts et des bas !
"Avec le recul, que dire : je reste sur la stupéfaction. D’abord d’avoir un cancer. Puis, de passer de - sois disant - un cancer pas important à une thérapie longue et costaud. Au départ, j’ai pris ce cancer relativement à la légère. Pensant qu’en 3 ou 4 mois, je serai soignée…. Et là, je commence à prendre conscience de ce qu’il m’attend, du temps que ça va prendre, des conséquences… sur moi, sur ma famille…
Manon (ma grande fille de 22 ans) a pleuré quant elle a appris que j’avais un cancer.
Les garçons ont semblé le prendre sans trop d’inquiétudes… mais nous finissons par nous rendre compte que célyan (10 ans) s’inquiète surement en silence. Il n’aime pas qu’on en parle. C’est surement lui rappeler une réalité qui l’angoisse.
Melwann (7 ans), quant à lui, exprime son angoisse. Il dit à son papa qu’il doit s’occuper de moi. Il pose beaucoup de questions, demande si je vais mourir, pourquoi on n’a pas pu soigner sa tata… (sa tata est morte d'un lymphome au cerveau il y a quelques années).
Quand sa maitresse a dit à ses élèves en classe qu’elle allait s’arracher les cheveux s’ils continuaient de faire des erreurs aussi bêtes, il a répondu que sa maman allait perdre tous ses cheveux avec la chimio....
Ce qui chagrine aussi beaucoup les garçons, c’est de ne plus avoir les « petits que je garde » à la maison. Heureusement ils ne sont pas bien loin, on peut aller les voir et ils viennent nous voir régulièrement.
Anthony (mon fils de 20 ans) ne prend jamais de nouvelles, n’appelle jamais… je ne sais pas ce qu’il pense… ni même si il pense quelque chose ! lol !
Hervé, mon compagnon est très angoissé mais tente de le cacher...
Moi : il y a des hauts et des bas. J’ai tenté de rester zen très longtemps, surtout pour ne pas inquiéter hervé et les enfants. Mais j’avais besoin quand même de lâcher la pression. Il y a quelques jours, j’ai fini par pleurer un bon coup. Ça m’a vidé, épuisé pour la journée mais ça m’a fait du bien !
J’ai pleuré un certain ras le bol, l'impression que le sort s'acharne sur moi... envie de crier, de tout casser et finalement s'effondrer en larmes et en ressortir vidée... La peur... de ne pas être suffisamment forte, de faire souffrir mes proches... que hervé souffre un peu plus et n'arrive pas à assumer cette longue et dur année qui nous attend... la colère de me dire que mes enfants me voient toujours avec des douleurs à droite à gauche, qu'ils ont depuis plusieurs années une maman réduite, en souffrance, fatiguée... le ras le bol quoi !!!
( ça fait 5 ans que je souffre de fibromyalgie, ce qui m'handicape beaucoup. je commençais juste à aller mieux avant d'avoir le cancer).
Et puis parfois je me dis: "merde alors! Pourquoi encore moi ! Quant est ce que ça va s’arrêter !"
J’ai parfois l'impression d’enchaîner les merdes les unes après les autres !
4 ans que je subissais mes douleurs diverses, mes problèmes de dos, que je vivais avec des douleurs permanentes, que je me sentais handicapée, diminuée, fatiguée... depuis quelques mois on avait enfin trouvé un traitement qui avait atténué tout ça et vlan ! Le cancer !!!
Alors merde quoi !!!!! Je veux que ça s’arrête !!!!
Sans compter tous les soucis de violences physiques et mentales durant des années, de brimades, de séparation, d'enfants à gérer seule, de la tentative de suicide de mon ex, de son alcoolisme renforcé, de son décès, de sa maison et héritage à gérer, du décès de ma belle sœur suite à son cancer, de nos maisons qui ne se vendent pas, du pret relais à rembourser quand même, des soucis financiers, Hervé qui déprime, des enfants qui ne vont pas bien, de ma mère qui ne va jamais bien, de mon père en dialyse, de ma belle sœur qui perd son bébé, de mon beau père qui a failli mourir de son opération du cœur ....
Merde de merde quoi !!! Je suis pourtant de nature optimiste mais parfois je me dis quand même que la poisse s'accroche à moi !!!
Et puis, à d’autres moments je me résigne ! De toute façon, je n’ai pas le choix !!!
Ma mère avec qui j’étais en froid me reparle.
Les personnes en général autour de moi sont très gentilles, cherchent à me rendre service, prennent des nouvelles, m’encouragent… c’est très appréciable.
Ces jours ci, malgré la douleur du cathéter, je vais relativement bien. J’ai réussi à bien me reposer.
J’ai eu une période bien fatiguée. Il faut dire que, entre mes rendez vous et ceux pour les enfants, on en fini pas de faire des aller retours sur Clermont (2h de trajet aller retour) et c’est épuisant. De plus, ça me fait mal au dos.
Sans compter que j’ai un bon déficit en vitamine D.
Demain, je commence la chimio…. Je pense qu’à partir de ce moment là, je vais commencer à me sentir vraiment malade. Parce que, quant on a un cancer, tout le monde vous regarde avec des yeux compatissants, on vous dit de vous reposer, de faire attention, on prend de vos nouvelles…. Mais ce qui est surprenant, c’est que jusqu’à présent, je ne me sens pas du tout malade.
Alors, à demain, pour mon premier jour de malade !
Comme dit melwann, la chimio va te guérir mais te rendre malade ! Quel paradoxe !"